Ascencion du Père des Rocs

Son bâton appuyé contre le mur, Grimthal fouillait ses poches à la recherche des dernières pièces d'or à offrir à Zirdegalik. Dénichant enfin la dernière, il déposa le sac bien rempli sur l'autel en marmonnant une prière au dieu des dieux.

Il lâcha un juron bien senti en voyant le temple autour de lui se dissoudre progressivement dans l'air et récupéra son bâton pour rappeler ses créatures, sans succès. En position de combat, prêt à jeter un sort ou un bon coup de bâton à la première chose qui apparaitrait, il regarda le temple finalement disparaître complètement dans une sorte de brume blanche, avant de laisser placer à ce qui semblait être une salle du trône. La pièce était imposante, en pierres parfaitement taillées et agencées (un nain remarque tout de suite ces choses là) et décorée assez sobrement de tentures de scènes de combat, ou de paix mettant en scène les diverses races de Romine. Détail intéressant, il ne vit aucune porte permettant d'aboutir à cette pièce.

Le trône, au dessus d'une estrade, était une belle pièce d'artisanat et il vit apparaitre dans cette direction une lueur dorée qui lui fit tourner rapidement le regard. Il avait pu s'habituer à la lumière du soleil, mais la lueur était bien plus vive, chose qu'il n'aurait pas cru possible. Une fois atténuée, il vit que le trône était occupé par une silhouette assez inattendue, puisqu'il s'agissait de la sienne.
"- Ah, Grimthal, te voici enfin !
- C'est bien moi oui, même si je ne sais pas où je suis, ni qui tu...enfin je...enfin bref, je me comprends, je ne sais pas qui tu es !"
Le nain assis eut un rire léger et aux accents étranges, prouvant par là même qu'il ne s'agissait pas d'un vrai nain, qui ne savent rire que de manière bruyante et peu discrète.
"- J'ai pris une forme que tu connais pour ne pas te choquer, mais si tu insistes..." En disant ces mots, la lueur réapparut, une silhouette bien différente cette fois apparut au milieu et Grimthal se mit à hurler. De surprise et d'admiration bien sûr, du moins c'est ce qu'il raconterait ensuite avec un air renfrogné, et ce serait tout ce qu'on pourrait tirer de lui comme informations.
"- Tu vois que ta tête convient mieux à la discussion, n'est ce pas ? demanda le nain assis une fois réapparut
- Ouais ouais, même si ça me fait bizarre de me parler, c'est mieux. Bon, ca ne me dit pas ce que je fais ici, ni qui tu es !
- Je suis Zirdegalik ! Tu n'avais pas deviné ? Tu veux revoir ma vraie forme peut être ? Et tu es ici car tu as un choix à faire, Grimthal !
- Génial, même Zirdegalik a un humour pourr...hein, comment ca un choix ?
- Regarde donc par toi même !"
A ces mots, trois "fenêtres", à défaut d'un meilleur mot apparurent entre eux, montrant diverses scènes de manière un peu floue typique des visions et des flashback.

La première montrait un Grimthal en meilleure forme (difficile de dire mieux vis à vis des trente kilos juste au dessus de la ceinture acquis à la suite des nombreux concours à boire avec Wise qui d'un coup ressemblaient plus à du muscle), en armure, avec une hache dans chaque main, beuglant et fracassant un groupe d'orcs à la force du poignet, pendant que Baphomet, son minotaure dévorait vif un elfe derrière lui.
La seconde le montrait bien plus égal à lui même, accompagné d'une jeune naine en armure qui bloquait le passage à un groupe de morts vivants qui tentaient de rejoindre le conjurateur. La demoiselle avait des sourcils broussailleux et le poil roux qui n'étaient pas sans lui rappeler un amour de jeunesse qu'il n'avait plu revu depuis l'éternité qu'il n'était pas retourné au cloaque.
La dernière le montrait continuant d'assister la bande de fous dangereux avec qui il avait fait les quatre cent coups à travers la surface de Romine ces dernières années, mais entouré d'un halo doré, invoquant un Dumdurak en grande forme face à un humain qui avait réussi à l'atteindre et dont le sourire mourut sur ses lèvres en voyant le hussard le charger, avant de se téléporter plus loin pour aller sauver Masterpatt d'une mort certaine face à un groupe d'elfes.

"- Comme tu le vois, trois destins s'offrent à toi, devenir un héros, fonder une famille en emmenant la petite Hirina avec toi au soleil ou devenir une divinité mineure qui assistera ton peuple dans la guerre que se livrent les races de Romine.
- Moi ? devenir un héros ? devoir faire le boulot salissant des autres ? Pouah ! Je laisse ca à ceux que ca amuse d'aller se prendre des coups de massue d'orc, de fouet d'elfe ou de tibia de mort vivant ! Et la petite est probablement bien mieux dans les jupes de sa mère qu'avec cette bande de soiffards qui se prennent pour des héros ! Non, je m'en voudrais toujours si je les laissais se débrouiller sans moi. Sincèrement, il faut bien que quelqu'un les surveille et les dispute quand ils font n'importe quoi, non ?
- Ha ! Alors ton choix est arrêté, bien. Et comment souhaites tu être connu dorénavant en tant que divinité des nains ?
- Un titre, un titre...un truc qui dise bien ce que je suis et ce que je fais...Super Invocateur ? non...Le seigneur des bêtes ? non, ils seraient capables de le prendre pour eux et de refuser de me prier...le seigneur du métal...non, un peu trop prétentieux...tiens, le père des rocs, ca veut dire ce que ça veut dire, les rocs, ça peut représenter les nains, qui sont globalement aussi solides, imaginatifs et bornés que des cailloux ! Bref, des symboles, tout ça, vu que je suis un peu comme un père pour eux à m'en occuper quand ils se font martyriser par des ennemis en se comportant comme des gamins, et les rocs, ça représente chez nous, et nous...va pour Père des Rocs
- Bien, je te renvoie aux tiens alors, nous nous reverrons surement un jour prochain, Père des Rocs, répondit Zirdegalik avec un sourire amusé après avoir écouté le monologue
- Hé, attends, j'avais des quest..."
Tout disparut de la même manière que tout était apparu, et la dernière chose qu'il vit avant le grand blanc fut le petit sourire en coin du nain qui était Zirdegalik.
Il réapparut à la même place, devant l'autel. L'or avait disparu, et un rire lui résonnant aux oreilles, il se retourna, regardant Baphomet qui le toisait. Le minotaure avait changé, et il vit dans ses yeux que lui aussi avait changé.
Le minotaure avait toujours été un serviteur dévoué, mais un respect nouveau luisait dans son regard.
Grimthal sortit d'un pas lent du temple, nimbé d'un halo doré et observa Romine d'un oeil neuf avant de poser son regard ceux qui étaient jusque là ses frères d'armes et qui seraient dorénavant ses fidèles.